Actualités - Le triage-lavoir de Péronnes-lez-Binche

Mis à jour le 10 novembre 2017
Mise à jour du 8 novembre 2017
Triage-lavoir de Péronnes-lez-Binche

par Jacques Crul, Secrétaire

Faut-il avoir des craintes suite au déclassement de l’intérieur du lavoir ?

En date du 21 mars 2017, le Gouvernement wallon a décidé de déclasser l’intérieur du triage-lavoir de Péronnes pour en faciliter la réutilisation. Faut-il voir dans ce déclassement une action favorable à la reconversion de ce bien remarquable ou faut-il nourrir la crainte que ce déclassement favorise une démarche iconoclaste plutôt qu’une réaffectation de qualité qui soit respectueuse des éléments majeurs de ce patrimoine emblématique ?

Notre Conseil d’Administration a été interpelé à ce sujet.
Notre Président Jean-Louis DELAET, Alain FORTI, Conservateur du Bois du Cazier, et moi-même nous sommes rendus sur place à l’invitation de notre administrateur Bruno VAN MOL, le mercredi 26 juillet afin de nous rendre compte de visu des possibilités de reconversion de cet équipement et des dangers potentiels liés à ce déclassement.

Le triage-lavoir de Péronnes. Photo Jacques Crul.

Situé le long de la N55 Binche-Le Roeulx, en Province de Hainaut, le triage-lavoir de Péronnes date de 1954. Il a été construit dans le cadre du plan Marshall, dont il reste, avec la tour Saint-Albert toute proche, un des derniers vestiges concrets. Il était destiné à traiter, dans un but de rationalisation, les productions des charbonnages voisins de Péronnes, Ressaix et Trivières. Il n’aura finalement fonctionné que quinze ans.
A sa fermeture, il a été vidé de ses installations et est resté à l’abandon pendant une trentaine d’années. Menacé de démolition, il a été classé en 2003 et a fait l’objet de travaux de rénovation importants en ce qui concerne son enveloppe. Il a été «adopté» par l’Institut du Patrimoine Wallon (IPW), qui y exerce une mission d’aide.
Des projets de réaffectation ont progressivement émergé : un visant à entreposer la collection de carottes de sondage du Service géologique de Belgique, un autre destiné à y transférer une partie des Archives de l’Etat, transfert couplé à la construction d’un bâtiment semi-enterré, qui verra le jour entretemps et sera inauguré prochainement, un troisième consistant en l’installation d’un centre d’initiation aux métiers d’art et au design de l’IFAPME. Mais ces projets n’ont pu aboutir à ce jour, excepté la construction du nouveau bâtiment, et le triage-lavoir est devenu un point noir dans la politique de réhabilitation du patrimoine industriel wallon. Il s’agit pourtant d’un bâtiment à l’architecture remarquable, dont les systèmes d’ossature intégrale en béton armé, la fondation sur pieux Franki, la gare souterraine et les grandes verrières en font une construction exceptionnelle dans le monde du patrimoine industriel. 

Le déclassement de l’intérieur avait notamment pour but de permettre une installation dans la gare souterraine d’une partie des collections du Musée de la Route de Mons.
Mais le fait que l’extérieur soit protégé ne permet pas un réaménagement des travées en bordure de bâtiment, ce qui réduit nettement sa superficie utilisable au sol. Le volume aménageable s’est avéré trop petit, et le projet a dû être abandonné.

Intérieur du triage-lavoir de Péronnes. Photo Jacques Crul.

Le Conseil d’administration de PIWB souhaite vivement que des solutions viables puissent enfin être trouvées. Il n’est pas opposé à un réaménagement intérieur pour autant que les éléments qu’il considère comme majeurs soient préservés. En date du 3 novembre, il a défini ce qui lui paraissait immuable, à savoir les bassins de décantation, les trémies de stockage, le monte-charge ; il lui paraît indispensable de conserver la partie supérieure sans cloisonnement mais il n’est pas opposé à des opérations qui viseraient à boucher certaines ouvertures dans les planchers entre les différents niveaux et à aménager des accès plus adaptés, en sachant que la structure de base est à la fois fonctionnelle et porteuse, ce qui empêche à priori des interventions importantes qui nuiraient à la lisibilité de l’édifice.
Les verrières sont également des éléments majeurs, tout comme deux escaliers hélicoïdaux en façade, mais ils sont protégés par le classement extérieur.


 

Avril 2009 - Le triage-lavoir de Péronnes-lez-Binche fait peau neuve

Un article de Bruno Van Mol

Depuis l’article paru dans le bulletin n°62 de Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles (Juillet-septembre 2005, pp. 8 à 10), d’importants travaux ont été réalisés pour réhabiliter le bâtiment inauguré en 1954, qui servait de triage-lavoir des charbonnages de Péronnes-lez-Binche.

Destiné à héberger un Centre des Métiers d’Art et de Design, des espaces de stockage pour des Services scientifiques fédéraux, notamment la collection de carottes de sondage du Service Géologique de Belgique, ainsi que d’autres locataires (dix lots sont disponibles), le bâtiment restauré à l’extérieur se voit de loin. Il a en effet été repeint en gris clair. Les innombrables châssis des fenêtres ont eux aussi été remplacés et sont également en gris clair pour le bas et gris foncé pour les baies cintrées en toiture. Les splendides escaliers hélicoïdaux extérieurs ont été conservés, les espaces intérieurs nettoyés, etc.

La stabilisation et la restauration des toitures sont terminées. Les travaux de restauration extérieure sont donc achevés. On attend une décision gouvernementale pour poursuivre dans cette voie et surtout terminer l’aménagement intérieur…

La Régie des Bâtiments de l’État pourra alors installer un espace de stockage pour les réserves des Services scientifiques fédéraux dans un bâtiment semi-enterré à l’arrière du triage-lavoir (les Archives de l’État prévues initialement se sont désistées).

En face de celui-ci, à quelques six kilomètres au sud-ouest, sur le territoire d’Estinnes, se construisent les onze plus hautes (198 m) et plus puissantes éoliennes du monde. Mais ceci est une autre histoire…