Actualités - Décès de Désiré Deleuze, photographe des mines

Publié le 1 octobre 2014

Par Bruno Guidolin,

La photographie est un art et un moyen d’expression, de représentation et d’interprétation du réel. Qu’elle découle de démarches artistique, documentaire, technique ou scientifique (l’une n’excluant pas l’autre), elle repose sur la sensibilité du photographe qui sélectionne, cadre, éclaire puis immortalise les instants qu’il côtoie.

La photographie industrielle ne déroge pas à cette règle et la photographie souterraine qui découle de celle-ci ne se conçoit pas autrement. Qui n’est pas interpellé par ces clichés illustrant le fond d’une mine, que ce soit par leur côté esthétique ou par leur valeur de « secrets dévoilés » tant, au contraire des installations au jour, le travail et la vie souterraine sont peu connus voire ignorés du grand public.

Et pour cause, rares sont les personnes à avoir le privilège de pouvoir photographier (et visiter) les activités industrielles sous terre.

On connait Gustave Marissiaux (1872-1929), premier photographe à avoir immortalisé les charbonnages dans nos contrées, qui réalisa la série La houillère, en 1904-1905, sur une commande passée par le puissant Syndicat des charbonnages liégeois (ensemble conservé au Musée de la vie wallonne).

On connaît peut-être moins son « successeur » quelques décennies plus tard, Désiré Deleuze (1921-2014), photographe officiel pour l’INICHAR-INIEx, la S.A. Monceau-Fontaine et d’autres, dont l’œuvre est pourtant impressionnante. Un artiste, un témoin, un acteur. Désiré Deleuze était tout cela à la fois. Né à Brugelette en 1921, il a ouvert un commerce comme photographe à Charleroi dès l’après-guerre sans se douter le moins du monde du cours qu’allait prendre sa carrière quelques mois plus tard.

Sur l’insistance de l’un de ses voisins, ingénieur de charbonnage, il fait ses premiers pas dans le monde minier en 1947 lors d’une descente dans les entrailles du charbonnage de Monceau-Fontaine à Forchies-la-Marche. C’est l’aube d’un succès grandissant dont l’aura s’est étendue aujourd’hui bien au-delà des frontières du Pays Noir. Avec modestie et respect. Cette renommée lui a permis à l’époque de diversifier ses activités, notamment lors de l’enquête sur la catastrophe du Bois-du-Cazier à Marcinelle où on le retrouve comme expert-photographe assermenté. Sa collection se compose de centaines d’œuvres dont un aperçu peut être découvert dans Objectif mine, un splendide ouvrage cosigné par lui-même, son ami Alain Forti et Jean Jacques Stassen, Inspecteur général des mines honoraire, décédé en 2009.

Cet artiste, ce témoin, cet acteur nous a quittés le 29 juillet dernier à 93 ans. Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de Désiré Deleuze-Strens et les remercions pour leur précieuse collaboration.