Actualités - Train world ou comment tromper sur le résultat espéré

Publié le 1 novembre 2012

Par Guido Vanderhulst avec l’avis de plusieurs amoureux de notre histoire ferroviaire

Les autorités de la SNCB viennent de poser à Schaerbeek la première pierre du Train World, un « visitor center » consacré au chemin de fer belge. Ce ne sera pas un musée (cela a été dit dans toutes les langues), ni même un centre d’interprétation (appellation plus à la mode). Le « visitor center » répond à d’autres définitions.  Il s’agit d’un « centre de promotion » du chemin de fer belge, avec quelques objets esthétiquement intéressants pour occuper les volumes. La scénographie du projet a été confiée à François Schuiten, dessinateur de bandes dessinées souvent géniales, par ailleurs très bon créateur de décors.  

Aucun comité scientifique ou technique (il s’agit de machines quand même !) n’a été consulté.

Aucun dialogue n’a été noué avec les meilleurs connaisseurs du chemin de fer belge.  C’est un choix délibéré pour ne pas contrer le projet. Il y a capitulation des autorités politiques. Une position certainement regrettable d’autant que ces « connaisseurs » sont dépositaires de tellement d’informations possible et, que leur âge avançant inexorablement, des bibliothèques « humaines » sont appelées à disparaître.

Un de nos meilleurs dessinateurs, bourré d’imagination et de créativité, a donc reçu mission de créer le cadre le plus agréable possible pour accueillir Train World.  Avec brio certes, cet artiste réalise ce qui sera un espace temporaire dans lequel la dynamique de mobilité induite par le train est absente.

L’histoire de notre chemin de fer, le premier qui ait roulé en Europe, en Belgique, à Bruxelles même, ne mérite t-il pas une approche plus étudiée, plus respectueuse de notre patrimoine ?

Enfin un espace consacré au chemin de fer belge ! Mais quelle offense au regard de la contribution de nos ingénieurs, de nos cheminots, de nos machinistes qui parfois dans des conditions incroyables ont mené des trains d’un point à un autre du monde. Quelle réduction au regard de ces personnes qui ont implanté et fait fonctionné des chemins de fer dans plusieurs autres pays comme le Congo, l’Egypte ou la Chine. L’histoire, l’actualité et l’avenir du train est avant tout une affaire d’hommes. Ce sont eux qui auraient dû être le fil conducteur de Train World.

PIWB reviendra sur ce projet. Plusieurs  questions importantes sont posées, dont le sort des collections de Louvain et de Haine-Saint-Pierre. Certaines pièces ont déjà été mises à la mitraille, d’autres sont proposées à des associations, parfois en contradiction avec leur histoire et leur inventaire général n’est pas connu... s’il a été réalisé ! Ostende reçoit  30 pièces, Bruxelles 14 et la Wallonie 2. Le train royal est dissocié : 2 wagons à Ostende, 1 à Schaerbeek et le wagon du personnel en Wallonie. Qui écrira l’histoire de ce train royal, l’usage qu’en fit le roi Léopold II qui se rendait plusieurs fois par an dans sa villa de la Côte d’Azur. Nous avons sans doute la plus belle collection européenne de wagons. Un sera transformé en wagon postal, un autre décoré pour rappeler le drame des déportations. Quant aux wagons de marchandises, il ne semble pas en être  question alors que toute notre économie en a tellement profitée.

Oui, nous reviendrons certainement sur ce chantier...