Actualités - Soutenons le patrimoine sidérurgique liégeois !
Publié le 6 mai 2021Photo Will Urselmann. Coll. PIWB
PIWB soutient le projet de Master Plan du TER concernant les sites sidérurgiques liégeois abandonnés par Arcelor Mittal !
L’asbl Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles, en abrégé PIWB, a pour vocation de promouvoir et de défendre le patrimoine industriel wallon et bruxellois, qu’il soit immobilier, mobilier ou immatériel. L’asbl bénéficie à ce titre d’un soutien financier de la FWB et de l’AWaP et publie annuellement une revue vulgarisation scientifique. Elle communique également diverses informations et alertes via son site web www.patrimoineindustriel.be ou par l’envoi de newsletters, mailings ou messages sur les réseaux sociaux.
Soucieuse de la sauvegarde du patrimoine sidérurgique wallon, qui constitue à ses yeux, au même titre que le patrimoine minier, un des éléments majeurs qui ont constitué l’identité wallonne, l’asbl a co-organisé en 2014 avec l’Institut du Patrimoine wallon un colloque sur le thème : « Que garder de l’industrie lourde du XXe siècle ? ». Elle s’est investie pour la sauvegarde du HF4 de Marcinelle au sein du Comité citoyen et de la Commission communale d’étude sur le patrimoine sidérurgique. PIWB a remis un rapport d’expert auprès de la commission ad hoc du Parlement wallon et est membre du groupe de travail « patrimoine » mis en place par le Studio Paola Vigano associé à Sweco, chargé du Master Plan pour la reconversion de la Porte Ouest à Charleroi. PIWB a également soutenu les démarches entreprises par la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie liégeoise en vue de la sauvegarde d’un (et si possible plusieurs) wagons-torpilles.
PIWB s’inquiète depuis quelques années de l’absence de vision globale dans la sauvegarde du patrimoine sidérurgique liégeois et, sans renier l’intérêt des opérations de valorisation entreprises par la ville de Seraing, d’un manque de réflexion en profondeur sur ce qu’il conviendrait de transmettre aux générations futures à propos de l’histoire de cette sidérurgie basée sur le coke dont la Wallonie fut, après l’Angleterre, la pionnière en Europe.
Dès lors PIWB est particulièrement ravie de découvrir les ambitions de sauvegarde contenues dans le projet de Master Plan présenté la semaine dernière en visioconférence par la société TER, mandatée par la SOGEPA, aux acteurs concernés du patrimoine et de la culture. Ce Master Plan, tout en laissant une priorité à la reconversion économique et à la requalification de la toute grande partie des terrains concernés, n’oublie pas qu’on ne peut forger un avenir sans y intégrer ses racines. Il laisse au patrimoine une part certes minime en termes d’espace (1 % des surfaces concernées) mais particulièrement bien réfléchie en termes de contenu. Il inclut en outre une réappropriation des espaces par la population locale.
Lors de cette visioconférence, PIWB a exprimé et réitéré son souhait d’accompagner - à défaut de le faire précéder - cette réflexion territoriale d’un débat sur le sens à donner à la conservation envisagée. Quel message veut-on transmettre aux générations présentes et futures ? A qui veut-on précisément s’adresser, comment et pour leur dire quoi ? Ce débat nous paraît indispensable si on veut donner un socle solide à toutes les démarches de conservation envisagées, et un fil conducteur aux actions qui seront entreprises.
PIWB se réjouit de voir TER considérer le patrimoine qui serait conservé comme une plus-value pour l’environnement et l’aura des sociétés qui viendront développer de nouvelles activités sur les espaces requalifiés. PIWB est particulièrement heureuse d’entendre que la sauvegarde du HFB serait considérée dans cet esprit comme une opération bénéfique à l’ensemble du projet.
L’asbl apprécie aussi beaucoup l’intégration dans la réflexion d’une nécessaire réappropriation des lieux par les populations locales. Ces endroits étaient des lieux fermés dont l’accès leur était devenu purement et simplement interdit. PIWB considère à cet égard nécessaire, indispensable même, que le grand public puisse avoir accès à tous ces sites dans les limites du possible, et certainement avant d’avoir à se prononcer, directement ou à travers les élus, sur les éléments à conserver et la destination à leur donner. L’organisation de journées « portes ouvertes » serait bienvenue. Et PIWB est particulièrement heureuse de découvrir dans le Master Plan le souhait de voir se créer un ou des espaces culturels d’envergure, permettant à la culture de sortir des murs de la ville de Liège et d’investir de façon importante les agglomérations de Seraing et Herstal/Oupeye, qui furent et sont encore aujourd’hui des communes industrieuses et ouvrières indissociables de l’histoire et de la vie quotidienne de la Cité ardente.
PIWB demande également que, bien que cela ne figure pas dans le périmètre d’action de la mission confiée à TER, la relation avec le fleuve soit intégrée dans le Master Plan, non seulement en termes de mobilité douce le long de ses berges ou d’offre de transports publics, comme c’est déjà envisagé avec beaucoup d’à-propos, mais également d’utilisation de la voie d’eau comme moyen de communication et de découverte. Cela implique certains aménagements pour accéder aux sites à partir de celle-ci, en particulier en amont de Liège, où les berges sont particulièrement hautes et peu praticables.
PIWB est heureuse d’entendre qu’à côté du projet patrimonial et culturel se développe également un projet muséal lié à l’histoire de l’émancipation ouvrière. Elle soutient dans leurs démarches les organisations syndicales, l’IHOES et tous ceux qui sont motivés par ce projet.
La volonté d’intégration des futurs espaces patrimoniaux et culturels dans le projet de la Route du Feu va également dans le sens espéré.
PIWB estime qu’un dialogue constructif est nécessaire avec les porteurs de projets similaires dans le bassin de Charleroi, mais aussi du Centre et du Brabant wallon, qui ont chacun leur sens dans leur identité territoriale, mais qui doivent se compléter et constituer, à l’instar des quatre sites miniers majeurs de Wallonie reconnus Patrimoine mondial de l’Unesco, un unicum porteur de l’ensemble de la mémoire de cette activité.
PIWB tient enfin à souligner l’importance d’une approche prudente par rapport à d’éventuelles démolitions et de l’utilité de considérer celles-ci dans un processus à long terme. Si certains équipements dont la conservation apparaît comme importante par rapport au projet mémoriel ne trouvent pas directement une affectation ou une utilisation « rentable » (économiquement ou socialement), il ne faut pas perdre de vue qu’on a affaire ici à des équipements de l’industrie lourde, conçus pour subir des charges d’utilisation intenses. Ils sont donc parfaitement capables de résister de nombreuses années à l’usure du temps sans nécessiter d’autres interventions qu’une sécurisation et une surveillance. Les générations à venir auront sans doute un regard tout à fait différent du nôtre par rapport à ce patrimoine. Elles y trouveront peut-être d’autres intérêts, voire d’autres voies de reconversion que ce que nous imaginons aujourd’hui.
Et prenons en exemple nos voisins allemands qui, dans la Ruhr, s’appuient dans leur reconversion sur ce qu’ils ont été pour générer une fierté auprès des plus jeunes et les inciter à devenir à leur tour des entrepreneurs créatifs et ambitieux !