Actualités - Sabot de Charleroi. Les "Deux soeurs" à Nimy

Publié le 1 janvier 2010

Par Bruno Van Mol,

Un des derniers sabots (ou baquet de Charleroi) "Les Deux Soeurs", sans moteur, se trouve dans une cale sèche (en eau ! ) à deux pas de la place de Nimy (Mons), le long du canal du Centre.
Il avait appartenu à un certain Dooms de La Louvière, et fut construit en 1912 à Willebroek. Il mesure 19,50 m de long sur 2,66 m de large et jauge 78 tonneaux.
Il est de classe A/1 c'est-à-dire "construit dans les règles de l'art, pouvant prendre toutes marchandises."
Renseignements puisés dans le REGISTRE DE CLASSIFICATION BELGE DE LA NAVIGATION INTERIEURE, liste par patronymes des +/- 2744 bateaux qui naviguaient sur les canaux et rivières de Belgique en 1946.
Ce registre fut publié par la firme UNITAS, rue Vénus à Anvers, en application de l'arrêté royal du 18 juillet 1936 vu l'article 32 de la loi du 5 mai 1936 sur affrètement fluvial. (Archives de la Direction des Voies Hydrauliques à Mons)
À l'écluse de Thieu, toujours sur le Canal du Centre, en aval de l'ancien ascenseur hydraulique, un autre sabot de Charleroi a été placé là sur la berge par Jean-Pierre Gailler (fondateur de la Compagnie du Canal du Centre), à côté de la maison éclusière de Thieu : une porte a été découpée dans son flanc droit pour accéder à l'intérieur et servir de remise.
Ces deux sabots sont visibles en tout temps sans autorisation.

"Le sabot ou baquet de Charleroi : un bateau adapté
S'inspirant des narrowboats du réseau des canaux d•exploitation des houillères anglaises très étroits sur lesquels naviguaient des péniches de 2,25 m de large pour des écluses de 2,25 m de large ne comportant souvent qu'un seul vantail, Jean-Baptiste Vifquain conçut un type de péniche spécialement adapté au canal de Charleroi, de petit gabarit.
Dénommé "sabot" ou encore "baquet de Charleroi", ce bateau avait une largeur de 2,60 m, une longueur de 19 m et chargeait septante tonneaux effectifs pour un enfoncement de 1,80 m. 
Les avantages de ce type de gabarit devaient être multiples :
- le bateau se chargerait beaucoup plus vite et avancerait plus rapidement ;
- sa cargaison d'un placement plus facile et plus prompt, n'exigerait que peu de jours de quai aux bassins de commerce ;
- la cunette du canal destinée à le recevoir ne s'ouvrirait pas sur plus de 6 m au plafond ;
- les courbes seraient d'un rayon moindre ;
- la passe des écluses se limiterait à 2,70 m de large et la longueur entre les buscs, à 21,40 m ;
- la quantité d'eau d'alimentation serait moindre ;
- la moins grande surface du plan d'eau occasionnerait moins de pertes par évaporation et par infiltration.

Le baquet était de forme presque parallélépipédique : la proue et la poupe étaient presque verticales et droites. Son fond était plat. Il mesurait en moyenne 19,50 m de long pour 2,60 m de large : des dimensions calibrées sur les écluses du premier canal de Charleroi à Bruxelles, qui mesuraient 19,80 m sur 2,70 m.
Son enfoncement à vide atteignait 0,35 à 0,40 m et en charge, 1,80 m. Son port en lourd jaugeait les 70 tonnes.
Devant passer sous les ponts fixes ne présentant qu'une hauteur libre de 2,65 à 3 m, le baquet ne comportait pas de cabine en saillie sur le pont : son point culminant, lorsque le mat était couché, était la poire placée sur la barre du gouvernail. D'un mètre de long, celui-ci pouvait être rabattu contre la face arrière du bateau pour la traversée des écluses. Il pouvait être allongé par un petit vantail manoeuvré à l'aide d'une chaînette (la lunette).
Le batelier et sa famille vivaient en plein air, certains avaient construit un paravent amovible sur l'arrière pont. Le
logement arrière qui servait en même temps de chambre à coucher, mesurait à peine 2,50 sur 2 mètres."
Le canal de Charleroi à Bruxelles, Collection Traces n°4, MET, La renaissance du Livre, 2001, p. 27

Une péniche en fer "Benjamine" de 300 tonnes non motorisée, se trouve amarrée près de l'ascenseur n°3 de Strépy-Bracquegnies où elle sert de ponton, appartenait à la Vrouw (Vw dans le registre) Schrijver, de Boussu. Construite à Schoten en 1897, elle mesure 38,35 m sur 5,05 m et jauge 345 tonneaux.
Elle est de classe A/2 c'est-à-dire "bien construite, entretenue et capable de transporter des marchandises légèrement avariables par l'eau" ( < Registre de Classification ... ).
Enfin, un wallon en bois "Didier", monument classé, gît, coulée..., dans la darse de la cimenterie de Thieu (près de la maison éclusière où il gène les utilisateurs du Port de Plaisance de Thieu...). Son frère jumeau (?) se trouverait exposé hors de l'eau au Musée de la Marine à Anvers.