Actualités - Manifesta

Publié le 1 novembre 2012

Du 1er juin au 30 septembre 2012 s’est tenue la neuvième édition d’une biennale européenne itinérante de l’art contemporain plus connue sous le nom de MANIFESTA.
L’intitulé de cette exposition « The Deep of the modern » donne déjà le ton, surtout lorsque l’on sait que le lieu choisi pour l’accueillir n’est autre que l’ancien charbonnage campinois de Waterschei (ou charbonnage André Dumont), situé sur la commune de Genk.

Son commissaire, le Mexicain Cuauhtémoc Medina, a souhaité créer un lien entre les oeuvres exposées, les lieux de l’exposition et le public, très ou peu au fait en matière d’art contemporain, élaborant ainsi un dialogue pluridisciplinaire et intergénérationnel. Comme l’explique Cuauhtémoc Medina dans l’intéressant catalogue de l’exposition « Manifesta 9 – The deep of the modern : a subcyclopaedia », l’idée principale est de rendre hommage au charbon : « dans la plupart des économies industrielles actuelles, comme les USA, la Chine, l’Inde, l’Australie et l’Afrique du Nord, le charbon se caractérise par une place grandissante et une visibilité décroissante. »
Ce qui frappe, dès le début de l’exposition, c’est la grandeur, la démesure des bâtiments qui dégage de larges espaces permettant aux artistes et scénographes d’exploiter l’ensemble des infrastructures, soit comme contenant des oeuvres soit comme des parties intégrantes.
Les bâtiments ont subi des rénovations en façade mais l’intérieur est laissé à l’état de ruines, lui conservant son caractère brut.

Un autre fait marquant est que MANIFESTA ne se limite pas uniquement à l’art contemporain dans son acception la plus élitiste mais qu’elle y mêle à la fois l’héritage historique et culturel de Genk, plus largement du bassin minier limbourgeois, et l’héritage industriel et social de nos sociétés contemporaines.

L’exposition s’articule sur 23.000 m² répartis en trois sections :
a) « Poetics of restructuring » qui rassemble des contributions d’artistes contemporains se focalisant sur des réponses esthétiques à apporter aux restructurations économiques des moyens de production que nous connaissons.
Nous retiendrons, à titre d’exemple, la structure formée par Kuai Shen et intitulée « Oh !m1gas » par laquelle l’artiste explore la relation entre d’une part la sociabilité et la productivité d’une colonie de fourmis et, d’autre, part, la technologie de l’homme.

b) « The age of coal » qui propose un parcours composé d’oeuvres du XIXe et du XXe siècles relatives à des thématiques de l’ère industrielle.
« Incense of a new church » est une peinture réalisée par Charles Demuth en réaction à l’optimisme américain des années 1920 qui qualifiait l’avènement de l’industrie de « nouveau messie » ou qui trouvait des similarités entre la construction des usines et celles des églises et des temples. « La pollution de l’air vue comme l’encens d’une nouvelle église ».

c) « 17 tons » qui présente des oeuvres inspirées par ce que le passé industriel de la Campine, des régions d’Europe et du Monde, peut engendrer sur la mémoire et l’imaginaire collectifs. Un appel à aller au-delà de la mémoire figée pour approcher les différentes expressions de l’héritage culturel de cette ère.
Pour illustrer cette section, nous avons sélectionné « The true cost of coal » réalisé par le collectif, majoritairement féminin, Beehive Design et qui représente l’impact de l’exploitation charbonnière sur les espèces (humaines et animales) ainsi que sur leur environnement. Un cri de ralliement pour le changement !

Cette exposition s’est terminée sur un bilan positif puisque l’objectif des 100.000 visiteurs a été atteint et dépassé. Il faut aussi souligne que cet événement est la première étape du projet de reconversion du site charbonnier puisque celui-ci accueillera dans le futur un pôle dédié aux technologies écologiques, prolongeant la volonté du projet MANIFESTA d’ancrer l’art (ici pris dans le sens de « science ») dans la réalité.