Actualités - Le Projet ICI

Publié le 7 janvier 2010

Par Daisy Vansteene,

C’est au mois de décembre 2008 que les partenaires du projet ICI ont été informés de la décision favorable du comité de sélection des projets Interreg IV. ICI, Itinéraire de la Culture Industrielle, est un projet qui s’inspire de l’expérience allemande « Route der Industrieekultuur ». Il s’agit de reconstituer le maillage de tout ce qui témoigne de la révolution industrielle et des mutations qu’elle a engendrées le long de l’axe du charbon, véritable influx nerveux entre les bassins qui s’étendent du Nord-Pas-de Calais à Liège. Dans le cadre du programme Interreg, l’étendue de la zone s’est limitée à l’extrême est du Hainaut, au pays de Charleroi, limite de l’éligibilité.

Le postulat de l’ICI est en effet la persistance d’un lien inaliénable entre les deux versants franco-wallons. Ce trait d’union, cette chaîne émane du sous-sol, puisque c’est le sillon charbonnier Haine-Sambre-Meuse qui a uni le destin des bassins industriels qui ont émergé suite à l’extraction du minerai. Le charbon a nourri toutes les industries, et son exploitation a généré la constitution d’un réseau dense articulé autour de routes, de voies navigables… Sa production a déterminé de nouveaux modes d’urbanisation, a découlé sur la création de cités nées pour et par l’industrie. De nouvelles idéologies ont aussi trouvé leur germination dans ce terreau si fertile sur le plan de l’ingénierie, mais si dramatique sur le plan social.

Le projet est né entre la Mission Bassin Minier et l’écomusée du Bois-du-Luc, au lendemain de l’adhésion par Bois-du-Luc au réseau ERIH (www.erih.net) en tant que point d’ancrage, et de la nécessité de développer autour de ce point des routes thématiques ou régionales. Petit à petit, le projet de créer une route de l’habitat ouvrier s’est enrichie du fruit des rencontres diverses qu’il générait… pour se muter en un réceptacle condensant tous les témoignages de ce qui constitue la culture industrielle. Les porteurs du projet sont devenus plus nombreux, apportant chacun une dimension nouvelle à l’ICI. Le Pass, désigné collégialement comme chef de fil par les membres, s’est rapidement associé au projet, tout comme le Bois du Cazier, la communauté d’agglomération d’Hénin Carvin, le Musée des sciences naturelles de Lille.

Ce projet sera mis en œuvre sur une période de quatre années. Il permettra l’engagement de nouveau personnel affecté à sa concrétisation, comme notamment deux géographes, un pour chacun des versants.

Un plan d’actions a été élaboré conjointement, qui se détaille en différentes opérations interconnectées et consécutives. Au départ, il s’agit  de faire l’inventaire de tous les éléments constitutifs de la culture industrielle. Une typologie a été établie.

Elle distingue les éléments suivants :

- les espaces de travail (usines, fosses,…)

- les espaces de vie, de loisir, de santé… (habitations, salles de fête…) 

- les ponts, ouvrages de génie civil,… 

- les paysages modifiés par l’industrie (terrils, canaux, …) 

- les collections des musées,…

L’inventaire des témoignages se fera en parallèle sur chaque versant. L’Ecomusée du Bois-du-Luc se chargera de l’inventaire côté wallon, et la Mission Bassin Minier traitera du côté français. Pour ce faire, les inventaires publiés ou conçus par les pouvoirs publics ou administrations compétentes seront croisés, en vue de dresser la liste la plus exhaustive des témoignages. Une fois cette liste dressée, pour chaque bassin, une sélection sera opérée, en vue de ne sélectionner que les éléments les plus significatifs. Une grille d’analyse a été dressée, sous la forme de critères.

Cette liste de critères a été définie avec l’aide du service de l’inventaire de la Région wallonne, et également des spécialistes de l’histoire industrielle tels que Patrick Viaene, Jean Puissant,…

Une fois cette sélection opérée, une carte touristique sera élaborée par les partenaires du projet, véritable fil rouge de tout le projet. Cette carte, dont l’épine dorsale sera constituée par les sites miniers les plus remarquables qui jalonnent le sillon charbonnier Haine-Sambre-Meuse, sera distribuée gratuitement sur tout le territoire de l’ICI : outil de propagande et de mise en réseau tangible des opérateurs.

Bien évidemment toute la communication menée autour du projet est déclinée sur base d’un même lay-out, et une charte graphique est d’ores et déjà définie d’un commun accord entre tous les opérateurs. La communication orientée autour de la carte se déclinera également dans un site Internet, véritable portail de l’itinéraire de la culture industrielle.

L’inventaire constitué pour les besoins du projet sera utilisé pour élaborer un atlas plus exhaustif de l’ICI, traçant des itinéraires thématiques et régionaux autour de la route primordiale. Les boucles thématiques et régionales permettront l’usage d’autres modes de déplacements, tels que la marche ou le vélo par exemple. Cet ouvrage présentera des notices sur les témoignages sélectionnés et des photos montrant l’évolution des infrastructures viendront asseoir le propos.

En quatre ans, de nombreuses activités sont prévues pour donner vie au réseau ICI. Un volet « expositions » a en effet été développé par le Pass, le Bois du Cazier et aussi le Musée des sciences naturelles, sous forme de triptyque, telle une invitation au franchissement de la frontière franco-wallonne. Chaque partenaire développera également, dans le cadre des week-ends de l’ICI, des événements thématiques : festivals de musiques, de contes, projections de films… La Mission Bassin Minier organisera également des raids sportifs, qui seront le prétexte à la découverte du patrimoine.

Un autre volet du projet vise à développer des rencontres entre les habitants issus des anciens bassins industriels et notamment ceux qui vivent aujourd’hui dans les cités surgies de l’industrie. La Communauté d’agglomération d’Hénin Carvin sera le moteur, avec le Bois du Cazier pour la mise en œuvre de ces rencontres.

Pour permettre une découverte approfondie de l’ICI, le Pass va également développer un système d’audio-guide nouvelle génération. Il s’agira de proposer le téléchargement de données, sur des supports tels que des GPS ou GSM. En offrant la possibilité aux gens de recueillir toutes les informations utiles lors de leurs déplacements sur le territoire de l’ICI.