Actualités - Le monde du parfum - Musée international de la Parfumerie de Grasse
Publié le 1 juin 2010Par Claude Depauw
Le Musée international de la Parfumerie à Grasse (Alpes-Maritimes) est installé depuis l’automne 2008 dans l’hôtel de Pontevès datant du XVIIIe siècle. Ce musée abrite environ 3 000 pièces sélectionnées parmi une collection de près de 50 000 objets relatifs à « l’évolution de la parfumerie sur les cinq continents » selon sa conservatrice en chef Marie-Christine Grasse (Musée international de la Parfumerie de Grasse, Beaux-Arts éditions, 2008, 42 p. – toutes les citations sont tirées de cet ouvrage).
« Le discours du musée s’est construit selon plusieurs axes. L’introduction comporte trois thématiques : communiquer, séduire et soigner. La visite s’articule autour d’une succession de grands plateaux qui abordent les notions les plus simples : qu’est-ce que la parfumerie, l’odorat, le sens olfactif, la fonction du nez en parfumerie ? On s’interroge aussi sur les usages du parfum : pourquoi se parfume-t-on ? pour communiquer avec qui ? pour séduire ou se soigner… Le parcours s’achève sur une vision du marketing et s’ancre dans l’industrie contemporaine du parfum ». Le mécénat, sollicité auprès « des fabricants de matières premières tout autant que ceux de produits finis, ainsi que les designers », a permis de « positionner le musée dans la chaîne de l’industrie de la parfumerie et de travailler en étroite collaboration avec les professionnels ».
« La parfumerie grassoise ou l’histoire d’un savoir-faire »
Ainsi, à côté du « Parfum de l’Antiquité à nos jours », un thème développé autour de pièces souvent prestigieuses, tel que le second nécessaire de voyage de Marie-Antoinette, au-delà des « Mots du parfum » qui renvoient aux techniques et au savoir-faire mis en œuvre en parfumerie et en aromatique, est donc évoquée l’activité de la parfumerie, implantée depuis le milieu du XVIIe siècle dans et autour de la ville de Grasse.
Après un XVIIIe siècle qui est « le grand siècle du parfum », la parfumerie grassoise sort de l’artisanat avec la révolution industrielle. Elle se développe (1846 : 58 parfumeurs ; 1866 : 79) et part à la conquête des marchés mondiaux en exploitant de nouvelles techniques d’extraction, ainsi que des substances synthétiques récemment découvertes. Au milieu du XIXe siècle, les fabricants « installent leurs usines à la périphérie de la ville, utilisant souvent d’anciens couvents désaffectés lors de la Révolution française ».
Si un premier syndicat patronal apparaît en 1898, les usines grassoises sont au départ des structures familiales dirigées par un chef d’industrie, grand voyageur qui n’hésite pas à implanter d’autres usines de production à travers le monde entier, ce qui va entraîner le déclin des producteurs locaux de plantes à parfum. Après la Seconde Guerre mondiale, Grasse contrôle encore 95 % du marché mondial des matières premières aromatiques naturelles. Cependant, « en négligeant la chimie, les Grassois ont perdu l’esprit d’initiative de la recherche appliquée et de l’innovation technologique ». Ils perdront finalement la maîtrise du marché international des matières premières et subiront la concurrence des parfums synthétiques. « à partir des années 1960, les Grassois s’investissent massivement dans l’industrie en pleine progression des arômes alimentaires. Grasse passe donc de l’industrie du produit fini à celle du produit semi-fini ». Aujourd’hui, cette mutation vers les essences naturelles et les arômes alimentaires maintient en activité une quinzaine de PME et d’entreprises intégrées dans des groupes internationaux, disséminées dans Grasse et aux alentours.
Le musée ne manque pas de présenter cette histoire industrielle et sociale. Des vues anciennes montrent la ville hérissée de cheminées. Cependant, si quelques bâtiments sont encore en place, beaucoup d’autres ont disparu. En ce qui concerne l’aspect social inhérent à toute industrie, aux photographies d’usines et aux portraits de chefs d’entreprises répondent des témoignages des ouvrières et des ouvriers diffusés en boucle là où est évoqué ce passé industriel.
Un autre thème a retenu notre attention, celui du design appliqué au flaconnage des parfums, notamment à travers une impressionnante collection de flacons à parfums du XXe siècle. Mais très souvent seuls le designer et la marque pour laquelle il a travaillé sont retenus dans la description des pièces. Les verreries et les cristalleries qui les ont fabriquées sont plus rarement mentionnées. Je n’y ai repéré aucune entreprise belge alors qu’au moins une d’entre elles a réalisé des flacons de parfum : les anciennes Verreries de Scailmont à Manage (maintenant Hainaut Cristal – voir E. Warte, Manage. La S.A. des Verreries de Scailmont, dans Le patrimoine industriel de Wallonie, Namur, 1994, pp. 450-452).
Informations :
Musée international de la Parfumerie - 2, boulevard du Jeu-de-Ballon à 06130 Grasse
Site Internet : www.museesdegrasse.com