Actualités - La Vieille-Montagne de Flône dézinguée !!
Publié le 9 septembre 2016par Florence LORIAUX
Photo Claude-M. Christophe, 1980.
Vous n’aurez désormais plus l’occasion d’admirer les bâtiments de l’usine Vieille Montagne situés à Flône et dont les offices du tourisme faisaient la promotion : « La SA Vieille Montagne, installée aussi sur d'autres sites, a gardé une grande partie de ses bâtiments à Flône, de part et d'autre de la chaussée qui emprunte la rive droite de la Meuse jusque Liège. La plupart de ses bâtiments sont en briques mais on y rencontre la pierre bleue et la « brique de laitier » pour former des décorations. Les toitures sont en tôle de zinc. Certains bâtiments présentent des éléments décoratifs comme des travées verticales de fenêtres géminées, dotées de colonnes doriques en fonte en guise de meneau, et des linteaux en fer, soulagés par deux petits arcs de décharge. Certains pignons sont percés d’une grande fenêtre verticale à arc surhaussé en briques, à clef d'arc en pierre bleue et à linteau métallique. D'autres sont ajourés d'œils de bœuf décorés d'arcs trilobés et consolidés par des pilastres » (http://www.tourisme-hesbaye-meuse.be/fr/vieille-montagne-flone). Ils viennent à leur tour de succomber sous la charge des démolisseurs. Ce sont sans doute des plaques de rue qui désormais auront pour mission de rappeler ce qui fut une des plus importantes usines productrices de zinc du 19e et du début du 20e siècle et un fleuron de l’histoire industrielle de la Wallonie. Si de nos jours, la préoccupation dominante est généralement de sauvegarder les témoignages de l'activité passée des hommes, faute de moyens financiers publics suffisants dévolus à la sauvegarde du patrimoine industriel, la destruction pure et simple continue trop souvent à prendre le pas sur la valeur que la société reconnaît à la conservation des traces de son passé.
Le cas de Flône risque un peu de devenir comme celui de Liège, où dans le quartier Saint-Léonard quelques noms de rue indiquent aux passants qu’en 1809 une fonderie de zinc voyait le jour grâce aux travaux d’un chimiste, le chanoine Jean Dony (1759-1819), qui inventa un procédé industriel d’extraction du zinc.
Place Vieille-Montagne, rue Dony, rue Moresnet (lieu où se situait la mine de zinc), rue Mosselman, homme d’affaires et repreneur des établissements Dony en 1813. Autant de noms qui évoquent l’histoire de cette entreprise constituée en société anonyme en 1837 sous l’appellation de « Société des mines et fonderies de zinc de la Vieille Montagne » et qui allait connaître une expansion à Flône, Tilff, Angleur et à La Calamine.
Un peu d’histoire…
C’est en 1852 que le site de Flône devient la propriété de la S.A. des mines et fonderies de zinc de la Vieille-Montagne, alors en pleine expansion. Ce site connaît une intense activité minière depuis le XIIIe siècle, sous l’influence de l’Abbaye de Flône.
Dès son rachat par la Vieille Montagne, l’usine de Flône connait un développement constant et subit des rénovations régulières jusqu’à sa fermeture définitive en septembre 1980.
La propriété est ensuite passée dans les mains de la S.A. Carrières et fours à chaux Dumont-Wautier (groupe Lhoist) qui a procédé au démantèlement progressif des installations. Les premières constructions à avoir mordu la poussière sont deux cheminées abattues en octobre 1980. Dumont-Wautier a finalement introduit et obtenu (en 2015) le permis de démolition des installations subsistantes.
Photo BG/PIWB, 2016
Que reste-t-il de la Vieille-Montagne ?
Sans prétendre à l’exhaustivité, signalons :
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- à Tilff (Esneux), des installations situées en bordure de l’Ourthe, coincée entre la rivière et la rampe menant à l’autoroute E25. Celles-ci sont actuellement occupées par de petites entreprises.
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- à Grâce-Hollogne, de part et d'autre de la rue de l'hôtel communal, le site dit Valentin-Cocq duquel subsistent quelques ateliers occupés par un grossiste en viandes et par un foyer d'accueil pour hommes.
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- à Angleur (Liège), le siège historique de la Vieille Montagne est occupé pour sa plus grande part par la multinationale UMICORE, qui produit entre autres de la poudre de zinc. L’avenir des activités sur le site d’Angleur demeure cependant incertain.
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- à l’est du pays, les anciens bureaux de la société situés le long de la route de Liège à La Calamine ont été achetés par la commune et classés provisoirement par la Communauté germanophone en juillet 2015. Le pays des trois frontières est également parsemé de dalles de puits, entrées de galeries, sites naturels (dont des sites calaminaires) et autres bâtisses. Un inventaire très détaillé a d’ailleurs été publié dans l’ouvrage Le patrimoine industriel de Wallonie mais celui-ci remonte à plus de vingt ans, raison pour laquelle une mise à jour est plus que nécessaire.
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- en Flandre, on mentionnera l'usine de Balen-Wezel (près de Lommel).
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sans compter de nombreuses installations disséminées dans d'autres parties du monde (Suède, Sardaigne, France, etc.) démontrant, si le besoin en était encore, le rayonnement de cette entreprise séculaire !
Une publication récente
Un ouvrage concernant la Vieille Montagne vient de sortir de presse aux Editions de la Province de Liège. Œuvre d’Arnaud Péters, il s’intitule La Vieille-Montagne (1806-1873). Innovations et mutations dans l'industrie du zinc (collection Ly Myreur des Histors). Il est disponible dans toutes les bonnes librairies ou aux Editions de la Province de Liège (www.edplg.be)
Pour en savoir plus :
- Le patrimoine industriel de Wallonie, Liège, les Editions du Perron, 1994.
- Arnaud PÉTERS, L’affaire Saint-Léonard, Liège, ULg-Réflexions, 23 août 2013 (reflexions.ulg.ac.be/cms/c_350208/fr/laffaire-de-saint-leonard)
- Céline RUESS et Anne STELMES, Vies de zinc. Portraits de travailleurs, images d’entreprise, Liège, Maison de la Métallurgie et de l’industrie de Liège, 2012.
- Musée de la Vallée de la Gueule, Moresnet-La-Calamine (www.kelmis.be/fr/tourisme/attractions-touristiques/musee-gueul)
- Société des Mines et Fonderies de Zinc de la Vieille-Montagne (Wikipédia)
- Le reportage photographique du site Tchorski