Actualités - Communiqué de presse : Ancienne gare de Sourbrodt : restauration de la cabine d’aiguillage SI

Publié le 26 novembre 2025

    

Les travaux de réhabilitation de l’ancienne cabine d’aiguillage viennent de débuter. Le bâtiment conservera son architecture typique de l’époque prussienne avec notamment sa toiture en cherbins, une ardoise arrondie, caractéristique de l’Ardenne et de l’Eifel. Une des originalités de ce projet est qu’il associe sauvegarde du patrimoine et protection de la biodiversité. En effet, les espaces du rez-de-chaussée et les combles sous la toiture seront affectés comme gîtes pour chauves-souris. La salle des commandes, au 1er étage, pourra être visitée plusieurs fois par an, notamment dans le cadre des journées du patrimoine.

Ces travaux bénéficient d’un financement régional et européen qui devrait probablement être complété par une subvention de l’AWaP.  Ils sont le fruit de la collaboration de nombreux partenaires : le Parc Naturel Hautes Fagnes – Eifel, le Département Nature et Forêts, Natagriwal et Natagora pour la partie biodiversité, 8II asbl, la SNCB et Train World pour le volet patrimonial. 

La restauration des deux signaux et de la cabine d’aiguillage constitue le premier pas d’un projet plus vaste de réhabilitation du site de la gare de Sourbrodt, projet que la Commune de Waimes entend poursuivre et mener à bien.

Un peu d’histoire  

L'ancienne cabine d'aiguillage SI de la gare de Sourbrodt a été construite en 1906-08. Cette partie du territoire belge faisait alors partie de la Prusse, ce qui explique le caractère germanique de son architecture. Il s'agit de la plus ancienne cabine d'aiguillage de Belgique, l’une des très rares épargnées lors des vagues successives de modernisation du réseau.

Les signaux à palettes ont été posés au début de la seconde guerre mondiale, peu de temps après la (ré)intégration des Cantons de Malmedy, Eupen et St-Vith à l’Allemagne. Après la guerre, la Vennbahn retourne dans le giron de la SNCB et cette signalisation ferroviaire allemande est adaptée partiellement pour répondre aux standards belges. La palette inférieure qui autorise les manœuvres des trains est raccourcie et peinte en mauve avec une ligne blanche. Le mécanisme est également modifié pour accueillir les lanternes à pétrole SNCB.

Cette situation atypique sur le réseau perdurera près d’un demi-siècle. Nous arrivons alors en période de guerre froide et différents bataillons de l’Armée belge viennent plusieurs fois par année s'entraîner au camp d’Elsenborn. Ces manœuvres génèrent d'importants déplacements en matériel et en hommes, lesquels ne peuvent être assurés qu'en train. Ce trafic étant dense mais irrégulier, la SNCB juge préférable de maintenir la signalisation mécanique existante.

En 2004, les techniques militaires et la situation géopolitique ayant évolué, la desserte de la gare de Sourbrodt s’éteint définitivement. Les signaux et la cabine d’aiguillage de la gare de Sourbrodt figurent parmi les derniers vestiges de la signalisation ferroviaire à palettes en Belgique. Mais ils sont surtout les témoins de l’Histoire : celle d’une région dont les habitants changèrent trois fois de nationalité en l’espace de 30 ans.

Et les chauves-souris ?

Les chauves-souris, mammifères généralement mal connus, sont menacées à l’échelle européenne. Leurs terrains de chasse disparaissent en raison de la modification des paysages (disparition des haies et des vergers, urbanisation des campagnes, utilisation de pesticides…), de la dégradation de leurs gîtes d’été et d’hiver (isolation des toitures, rejointoiement de bâtiments ou ouvrages d’art) et de la pollution lumineuse qui perturbe leurs proies.

Les chauves-souris, par leur cycle de vie dissocié en deux phases, utilisent deux types de gîtes au cours de l’année : un, d’été et un second, d’hiver. Dans le premier, les femelles se regroupent en colonies de reproduction appelées « maternités ». Les jeunes restent au chaud, ensemble. Les femelles partent chasser la nuit puis reviennent les allaiter.

Le second gîte est utilisé pour hiberner. Il doit être calme, humide pour éviter la déshydratation des chauves-souris et garder une température stable comprise en 1 et 12°.

Le projet de la cabine d’aiguillage a pour objectif de restaurer ces deux types d’habitats. Le comble de la toiture sera utilisé comme gîte d’été alors que la partie inférieure présente plutôt les caractéristiques d’un gîte d’hiver.
 

Plus d’informations :   

Sur le volet « patrimoine » :

Niels ANTOINE, 8II asbl, 0473/990659, niels.antoine@spw.wallonie.be

Sur le volet « biodiversité » :

 Emily HUGO, Natagriwal, 0488/06514, ehugo@natagriwal.be

Dominik ARENS, Parc Naturel Hautes Fagnes – Eifel, 080/440 395, dominik.arens@botrange.be

Sur le projet de réhabilitation du site de la gare :

Stany NOEL, échevin de la Commune de Waimes, 0495/275315, noel.stany@waimes.be   

 

Photographies

  1. Cabine d’aiguillage en cours de restauration : Emily Hugo
  2. Signaux à palettes : ensemble : André Ferrière
  3. Signal allemand : détail : 8II asbl